« Il était une fois une petite fille de Village, la plus jolie qu’on eût su voir ; sa mère en était folle et sa mère-grand plus folle encore. Cette bonne femme lui fit faire un petit chaperon rouge… »
La plupart des contes de Charles Perrault prennent leurs sources dans des traditions orales, Le Petit Chaperon rouge est issu de cette culture populaire. Des détails le trahissent. Les conteurs répétaient plusieurs fois quelques mots qui leur servaient de repères. Ainsi l’expression « petit pot de beurre » est répétée quatre fois. Le dialogue final entre la fillette et le loup déguisé en grand-mère joue sur la répétition des questions et des réponses qui commencent toutes de la même façon. D’ailleurs ne connaissons-nous pas tous une phrase du célèbre conte ?
Si nous connaissons tous ce conte, nous confondons souvent les différentes versions. Perrault nous livre une version modifiée de l’histoire traditionnelle. Son conte se termine sur la mort de la grand-mère et de la fillette. Dans les versions orales, des détails plus cruels interviennent : le petit chaperon mange d’abord la chair de sa grand-mère et le sang de celle-ci servit dans une cruche à vin. De plus, le loup mentionne des noms de chemins empruntés par la jeune fille. Ils sont associés à des objets piquants ou pointus : celui des « épinettes » ou le « chemin des ronces »…
Charles Perrault préfère supprimer les éléments qui pourraient choquer la bonne société de son époque. La fin n’en reste pas moins malheureuse, et le conte se fait avertissement. Les frères Grimm choisiront une fin heureuse où un chasseur sauve les deux femmes.
Chose que l’on ignore souvent aussi, Perrault conclut tous ses contes d’une ou deux moralités.
« On voit ici que des jeunes enfants,
Surtout de jeunes filles
Belles, bien faites, et gentilles,
Font très mal d’écouter toute sorte de gens…. »
Les femmes sont chaleureusement invitées à être jolies mais aussi modestes et soumises. Le Petit Chaperon rouge ne récolte que les ennuis qu’elle mérite. Elle ne devait pas folâtrer sur le chemin ou répondre au grand méchant loup !
Les Contes de ma Mère l’Oye. « Folio classique », 6,80 €.
Fée Carabine
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