Le taureau voit en noir et blanc et de façon floue. Contrairement à l'idée reçue, il est en fait excité par le mouvement du tissu et non pas par le rouge.
A y regarder de plus près, la corrida ressemble étrangement à un rituel amoureux où les rôles de dominateur et de soumis, de femme et d'homme sont interchangeables. Le toreador porte son habit de lumière et semble à la fois invincible, comme revêtu d'une armure, et fragile avec des mouvements presques féminins dus à l'exiguïté du costume qui l'empêche de bouger et même de respirer. Il avance dans l'arène paré de ses plus beaux atours comme la femme porterait ses plus beaux bijoux lors d'un rendez-vous galant.
De plus, dès les premières passes, le torero ressemble à la femme qui appelle le mâle pour le séduire, le provoquer, le carresser. Dans la corrida, cette étape symbolise la séduction qui existe lors des premiers rendez-vous du couple. On s'attire, on se regarde, on s'apprivoise, on s'effleure...pour mieux se connaître. Viennent ensuite les premiers contacts physiques qui se matérialisent dans la corrida par les banderillos et le picador qui affaiblissent l'animal. Enfin, l'acte sexuel est représenté ici par le moment crucial de la mise à mort finale où le matador pénètre l'animal avec son épée (l'escocade). Ici, la masculinisation du torero apparaît clairement, l'animal est alors comparé à une femme fragile et sans défense.
Cette idée est déjà reprise dans le film "El Matador" d'Almodovar. Le cinéaste nous donne à voir une interprétation de la corrida comme un jeu amoureux où un couple s'affronte dans l'arène de la passion pour une ultime jouissance.
Certains verront dans la corrida de l'art, d'autres uniquement la couleur du sang mais une chose est sûre, on ne peut pas rester indifférent devant un tel spectacle!
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