



Tout le monde connaît l’histoire du collier, je l’ignorais. Personne ne m’avait raconté ces ragots de l’Histoire, ni professeur, ni copine. Peut-être n’y aurais-je d’ailleurs pas cru si je ne l’avais pas lue.
Benetta Craveri, dans Marie-Antoinette et le scandale du collier — certainement parce qu’elle est italienne et que l’histoire est moins connue dans son pays — se risque à exposer, une nouvelle fois l’« affaire ». Dans ce petit livre, elle peint les portraits, souvent jubilatoires, des grands personnages de cette intrigue ; de Marie-Antoinette, bien sûr, mais surtout du cardinal de Rohan, étonnant de naïveté et de bêtise et de la comtesse de La Motte, véritable héroïne de roman, menteuse et manipulatrice, comme on les aime. Le cardinal, prêt à tout pour gagner les faveurs de la reine, y compris à acheter le collier le plus cher du monde, est abusé par la peu scrupuleuse comtesse de La Motte et bientôt accusé et emprisonné à la Bastille. Un scandale dont la reine sort, contre toute attente, éclaboussée. Elle qui ne demandait ni collier, ni soupirant.
Benetta Craveri, en se basant sur l’étude des interrogatoires et du procès, retrace les étapes de ce complot contre Marie-Antoinette, dite « l’Autrichienne » et embrasse une époque où déjà la presse à scandale, par le biais de la calomnie et de la diffamation, est une arme politique.
Alors, pour tous ceux qui ne connaissent pas cette histoire et parce que c’est beaucoup plus romanesque et intéressant que les « potins » d’aujourd’hui, ce livre sera un vrai moment de plaisir.
Carabine
Benneta Vraveri, Marie-Antoinette et le scandale du collier, Gallimard, 10 euros.
Promenons-nous dans le Grand Palais, si la Révolution y était, elle nous mangerait, mais comme elle n’y est pas, elle nous mangera pas. Révolution où es-tu ? Que fais-tu ? M’entends-tu ? …
Une magnifique exposition est consacrée à Marie-Antoinette au Grand Palais qui, pour l’occasion, s’est transformé en un écrin du joyau qu’il renferme : des œuvres inédites qui retracent l’enfance et la vie de la dauphine puis reine de France, des meubles et bijoux d’une facture rare, la reconstitution de son univers au Trianon sont autant de détails raffinés qui éblouissent le visiteur. Les curiosités sont multiples. Parmi elles, « l’Acte de mariage authentique du dauphin Louis et de l’archiduchesse Marie-Antoinette », daté du 16 mai 1770, inscrit sur les registres paroissiaux de l’église Notre-Dame de Versailles. Sous la signature de Louis Auguste, on lit celle de Marie-Antoinette Josephe-Jeanne. Sur l’empattement du J de Josephe, la fameuse tache d’encre.
Continuons avec le plan de table des noces du couple. Le Roy Louis XV préside une tablée des membres de la famille royale : à sa droite, M. Le dauphin en face de Mme La Dauphine, laquelle est à la gauche de M. Le Comte d’Artois, placé en face de M. Le Comte de Provence… (bon j’arrête là, si ça vous intéresse, vous savez où le trouver). Excitant à voir. C’est authentique !
J’ai été subjugué par la beauté et l’éclat du secrétaire à cylindre en nacre du boudoir de Marie-Antoinette à Fontainebleau : tout simplement sublime. Un bijou sur quatre pieds. Son goût prononcé pour les arts décoratifs et les idées nouvelles la conduisent au mécénat. Et cette exposition est en bien le témoignage vivant : en peinture (Vigée le Brun), en sculpture (Lemoyne, Boizot et Lecomte) et en objets d’art (Carlin, Riesener, Weisweiler).
Sa harpe. Objet pittoresque qui rivalise de poésie avec le reste de son mobilier.
Un tableau animé qui surprend par son ingéniosité. Des personnages montent un escalier d’une villa située dans un jardin romantique, du grand opéra pictural.
On découvre aussi, grâce aux nombreux portraits, que Louis XVI n’est pas aussi laid que l’on croit. Il n’a rien à envier à ses frères, les Comtes de Provence et d’Artois.
Quant à Marie-Antoinette, on apprend qu’elle n’est pas satisfaite de ses portraitistes et pour cause. Ces derniers ne cherchent pas à l’embellir : ils rendent visible ses yeux exophtalmiques, son nez aquilin, et ses rondeurs. À ce sujet, elle confie à sa mère : « Les peintres me tuent et me désespèrent ». Heureusement, en 1779, Elisabeth Vigée Le Brun devient au grand bonheur de Marie-Antoinette sa portraitiste officielle. Elle respecte toutes les conventions du portrait de cour et ce, en adoucissant ses traits sans perdre la ressemblance. On est donc surpris de découvrir différents visages de la reine. Seul le teint de lys et de rose est représenté sur chacune des toiles peintes à son effigie. Marie-Antoinette cherche déjà à contrôler son image ; laquelle lui échappe plus tard certainement par manque de discernement politique.
Dans la dernière salle de l’exposition, les années sombres sont matérialisées par une lumière tamisée. Des brides de citations sont éclairées sur le mur noir. La maquette du Temple est accolée à une vitrine où est étendue une chemise blanche qu’elle aurait portée pendant sa captivité. Frisson dans le dos assuré. Et enfin, une sourde émotion vous envahit devant la dernière lettre écrite le 16 octobre 1793 à 4 h ½ du matin à Madame Élisabeth, sœur de Louis XVI, avant de partir vers sa tragique destinée.
À la sortie de l’expo, un stand Ladurée nous attend. Je défie quiconque de résister aux savoureux macarons ! Pour ma part, après deux heures passées en compagnie de Marie-Antoinette, j’ai eu une sérieuse fringale. J’en ai acheté dix pour moi toute seule : deux à la framboise, deux chocolat, deux vanille, deux pistache et deux caramel. Aucune culpabilité. À chaque bouchée, c’est un délice, un poème. Marie-Antoinette en dégustait tout le temps. Il paraît que le macaron était son pêché mignon. Alors, gourmande pour gourmande, je me délecte de ces petits plaisirs en m’achetant dans la librairie, le superbe catalogue de l’expo au prix exorbitant de 49 euros, et plein de bêtises façon « Eurodisney » : un crayon, un cahier, un coussin à l’effigie de Marie-Antoinette, histoire de garder un souvenir kitch et palpable de ce moment agréable passé ici en compagnie de la dernière reine de France.
Que retient-on de Marie-Antoinette, appelée dans son enfance Antonia et Toinette ?
Une femme exquise, une mère aimante, pleine de grâces et d’esprit qui apparaît aujourd’hui comme un modèle féminin auquel on rêverait bien de ressembler un soir.
Evelyne Lever, Marie-Antoinette, Un destin brisé, rmn.
Voilà deux ans déjà qu’une mode très glamour est née. Celle à la « Marie-Antoinette ».
Sofia Coppola a révélé la Reine du Glamour qui sommeillait dans les livres d’Histoire !
Le film, construit en séquences répétitives, reproduit une vie de cour où l’étiquette ennuie et étouffe la jeune Marie-Antoinette. Bientôt, à la mort de son grand-père Louis XV, et enfin sacrée Reine de France, elle s’émancipe du protocole, s’amuse ouvertement, et ce, en attendant que son mari, le bedo Louis XVI, daigne lui accorder les premières caresses conjugales. Sept années de frustrations et de honte publique forgent un tempérament extraverti.
Le mythe « Marie-Antoinette » est né
Seul les plaisirs des arts, de la mode, du jeu, des fêtes, des sorties à l’Opéra, la ravissent. Les affaires de l’État lui échappent au grand mécontentement de sa mère qui aurait souhaitée que sa fille joue un rôle politique majeur dans cette alliance franco-autrichienne. Mais comment s’imposer dans les manœuvres de l’État, quand Louis XVI en est lui-même peu ou prou évincé.
Elle se contente alors d’user de ses charmes auprès de son époux pour obtenir sa liberté au Trianon. Ici, elle créé un univers romantique qui coûte la bagatelle de 150 mille livres. Le rêve est devenu réalité. Les après-midi bucoliques en présence de son cher comte de Fersen achèvent de façonner le mythe. À Versailles, elle est la reine de France, mais au Trianon, Marie-Antoinette devient une ingrate envers son peuple qui souffre de la faim quand elle chante dans son théâtre privé. Les médisances de la cour vont bon train. Et voilà que l’Affaire du Collier éclate. Sa noblesse d’âme lui refuse de se rabaisser à se défendre de ces calomnies qui lui valent sa réputation. Elle n’y prend pas garde. Et elle devient la « putain autrichienne ».
Mais si la France de la révolution lui reproche sa légèreté, nous autres modernes l’admirons pour ce glamour inné qui symbolise les grâces de la femme.
Si à Versailles, elle cherche à fuir ses responsabilités royales, dans l’adversité qui ébranle la monarchie, elle se révèle être une grande reine.
Et c’est celle-là même qui nous fascine. Le cinéma de Coppola l’a revitaminée. Il faut dire que le rock’n’roll et les converses lui vont si bien. Du coup, sur les étales des librairies, les couvertures des biographies comme celles de Stephan Zweig ou encore d’Antonia Fraser se sont refaites une beauté.
Mesdames, si vous n’avez pas encore succombez aux détails croustillants de la vie de la dernière reine de France, n’hésitez-plus, délectez-vous de l’une de ces bios ou correspondances qui touchera votre cœur.
Ouvrez les yeux, le phénomène Marie-Antoinette dépasse largement le cinéma et la littérature. On voit des pubs qui s’inspirent de la vision décalée de Copolla...avec par exemple de belles femmes emperruquées sur des rollers… roulant de boudoir en boudoir… sur du parquet Versailles… très tendance. Du côté de la déco, les arts de la table lui réservent une place de choix. Il est vrai que ce qui plaît le plus, ce sont des services érotiques sur le thème dérivé de la « Marquise », modèle féminin très en vogue également. Toujours est-il que le mythe de la reine libertine est vendeur. Après chacun fait sa petite salade.
Si vous avez une pièce, rien qu’à vous, à refaire dans votre appart, ne cherchez plus. L’idée est toute trouvée. Un boudoir façon Marie-Antoinette. Une merveilleuse gamme papier peint donne l’illusion du vrai: bucolique, délicat, aérien,
ancien...
Si vous préférez le baroque aux notes contemporaines, voilà pour vous le boudoir framboise. Le luxe xviiie aux tonalités gourmandes sourit au teint et donne envie de faire couler le champagne à flot. Et puisque les coiffeuses et les bergères sont remises au goût du jour, choisissez celles qui vous ressemblent .
Maintenant, on se marie en Reine du Glam !
On entend dire que des jeunes femmes choisissent de se marier sur le thème « Marie-Antoinette ». Les perruques et robes meringues amusent ces dames. Proclamons-le. La meringue n’est plus plouc. Du glamour haut niveau. Oui oui. Nous y sommes enfin ! Dentelles, rubans, froufrous et éventails sont de mise. Et pour le moment, nos hommes sourient. Le côté reine aguicheuse ne serait les déplaire. Alors profitons… savourons… il est permis de réaliser nos fantasmes de princesses… coquines...
Reste à savoir si le marié et ses petits copains joueront le jeu de la perruque !?!
Milady
DVD Sofia Coppola, Marie-Antoinette, sorti en mai 2006.