POUR 4 PERSONNES :
500 g de blanc de poulet, 1 oignon émincé, 3 gousses d'ail, 60 g de raisins secs, 3c/c d'épice colombo, 30 cl de lait de coco, 1 c/s d'huile d'olive, 1 pincée de piment de Cayenne, 1 jus de citron vert.
POUR 4 PERSONNES :
500 g de blanc de poulet, 1 oignon émincé, 3 gousses d'ail, 60 g de raisins secs, 3c/c d'épice colombo, 30 cl de lait de coco, 1 c/s d'huile d'olive, 1 pincée de piment de Cayenne, 1 jus de citron vert.
Que penser de l’apparition fortuite d’une île au beau milieu d’un rêve ?
Le thérapeute Georges Romey livre, dans son dictionnaire de la symbolique, une interprétation onirique de ce bout de terre encerclé d’eau. Si insula est issu de solus, seul, l’île n’incarne pas pour autant la solitude, mais un isolement nécessaire à faire progresser une situation. Elle indique le besoin de se recentrer sur soi, de revenir à sa nature primitive. Comme le Robinson de Michel Tournier, la régression permet d’abandonner ses valises lourdes de tracas au fond des eaux troubles. L’individu, ainsi déchargé, retrouve l’état primaire du petit enfant. L’intellectualisation est chassée par le ressenti innocent des choses. L’île symbolise la mère qui seule peut rassurer et offrir le temps et l’espace pour se ressourcer, se régénérer en toute simplicité. Quelque soit notre aventure onirique, nous vivons notre passage sur l’île comme une étape salvatrice. Voilà déjà le bateau du voyage de la vie qui vient nous sauver. Bon retour sur le continent.
Georges Romey, Dictionnaire de la symbolique des rêves, Albin Michel, 13,30 euros.
Avouez-le, comme la plupart des mortels, partir s'exiler à l'autre bout du monde relève du domaine du rêve ou de vos dernières vacances sur cette petite crique abandonnée où vous vous êtes essayé au naturisme pendant vingt minutes.
Pourtant, cette question tant attendue "Qu'apporteriez-vous sur une île déserte?" vous fait toujours autant sourire, comme s'il ne vous restait plus que votre baluchon à préparer avant de quitter la terre ferme!
Mais si vous savez bien les fameux trois livres...La Bible? Sophocle? Balzac l'intégrale? Quelle distraction! On sent souvent dans les réponses qu'il faut du gros, du lourd, de l'expérience difficile à digérer! C'est que tout seul sur l'île en question ça va forcément faire du temps libre.
Et vous, au fait sur une île dépeûplée? Ca donnerait quoi? Allez, lancez-vous. Dites nous vite ce qu'il vous chanterait d'emmener si vous partiez seul au monde.
Les îles ne se résument malheureusement- ou devrais-je dire heureusement- pas à un lieu idyllique où les femmes errent seins nus en chantant et où les hommes dorment après quelques verres de rhum. Elles n’offrent pas toutes non plus des paysages paradisiaques où des cascades types pubs « Ushuaia » se mêlent aux palmiers.
Aimé Césaire, dont la mort cette année nous a touchée, aurait pu en témoigner. Le poète martiniquais s’est battu toute sa vie contre ces clichés liés aux îles, certes doux et attirants pour les blancs mais toujours avilissants et réducteurs pour les noirs. En inventant le concept de Négritude, il lutte pour tous ceux qu’il appelle « les opprimés de la planète» et particulièrement ceux de son pays, les colonisés de la belle île de la Martinique. En 1950, dans son Discours sur le colonialisme, il écrit :
« La malédiction la plus commune en cette matière est d’être la dupe de bonne foi d’une hypocrisie collective, habile à mal poser les problèmes pour mieux légitimer les
odieuses solutions qu’on leur apporte. Cela revient à dire que l’essentiel est ici de voir clair, de penser clair, entendre dangereusement, de répondre clair à l’innocente question initiale : qu’est-ce en son principe que la colonisation ? De convenir de ce qu’elle n’est point ; ni évangélisation, ni entreprise philanthropique, ni volonté de reculer les frontières de l’ignorance, de la maladie, de la tyrannie, ni élargissement de Dieu, ni extension du Droit ; d’admettre une fois pour toutes, sans volonté de broncher aux conséquences, que le geste décisif est ici de l’aventurier et du pirate, de l’épicier en grand et de l’armateur, du chercheur d’or et du marchand, de l’appétit et de la force, avec, derrière, l’ombre portée, maléfique, d’une forme de civilisation qui, à un moment de son histoire, se constate obligée, de façon interne, d’étendre à l’échelle mondiale la concurrence de ses économies antagonistes. »
Sous couvert de bons sentiments, l’île se fait terrain de jeux et d’expérimentation. Les îles deviennent des territoires que les hommes veulent coloniser, sujettes aux crimes du colonialisme occidental.
D’ailleurs, l’île dans la littérature prend rarement les traits d’un paradis. Même seul, Robinson commence par « civiliser » la nature, occidentaliser les contours de l’île, rationaliser le temps… et « éduquer » le pauvre Vendredi sans chercher à le comprendre. Civilisation ou barbarie ? L’île souffre de ce préjugé de torpeur et de mollesse, de territoire à l’abandon qui demande à être civilisé. Elle reste le fantasme d’un endroit à sauver grâce à ses propres codes.
L’œuvre entière d’Aimé Césaire reste au service de la liberté et de l'égalité, elle mélange poésie et engagement, fougue et violence en même temps que beauté et jeux de langue. Elle rappelle que la poésie est une « arme miraculeuse ».
Aimé Césaire, Les Armes miraculeuses, Poésie/Gallimard.
Di
scours sur le colonialisme, Présence Africaine.