Il était une fois l'histoire des contes de fées. Depuis des centaines d'années, mythes et légendes habitaient les chaumières. Les contes naquirent du folklore populaire et devinrent le pain d'espoir symbolique des paysans. Si la journée ils s'épuisaient à leur dur labeur, le soir, ils rêvaient à une vie héroïque de chevalier. Les histoires se racontaient au près du feu et se transmettaient de villages en villages grâce aux voyageurs qui les colportaient. Les contes étaient si vieux et si répandus que personne n'avait su dire d'où ils venaient sinon qu'ils était des histoires de la Mère l'Oye.
Longtemps, fées, sorcières, géants et dragons appartenaient à un monde réservé aux enfants et aux paysans. Mais bientôt, un roi magnifique qu'on appelait Soleil donna des fêtes extraordinaires, Les Palais de l'Île enchantée, où le merveilleux devint réalité. Dès lors, la mode des fées étaient lancée. Ces dames de la cour se comparèrent aux êtres féeriques. Beauté, raffinement et charme n'étaient autres que les attributs naturels des fées dont toutes les femmes rêvaient.
Contes de fées, Madame d'Aulnoy
C'est alors qu'une Comtesse du nom de Madame d'Aulnoy, exilée pour avoir tué son époux puis revenue en France avec le pardon du roi, écrivit le tout premier conte littéraire français, L'Île de la Félicité. Cette sulfureuse aristocrate fit passer le conte de l'oralité à l'écriture. Elle marqua le genre d'une recodification selon les critères du bon goût et de la bienséance. Enfin, prétendue bienséance, car la conteuse détourna les contes afin de créer un langage subversif dissimulé sous un merveilleux d'apparat. Les fées devinrent les alibis de ses messages séditieux contre le pouvoir royal et l'autorité masculine. Madame d'Aulnoy eut un tel succès, qu'une communauté de conteuses se constitua peu à peu autour d'elle.
Contes de Perrault racontés par une vieille nourrice
Parmi elles, un homme, Charles Perrault à qui on attribua souvent à tort la paternité des premiers contes. Il s'était écarté du style des conteuses, et écrivit des contes moralisateurs destinés à faire l'éducation des enfants. Il s'inspira du modèle bourgeois de l'époque pour forcer l'esprit des touts jeunes à se formater selon le bon modèle. Les garçons n'avaient autre choix que de rêver au vaillant chevalier, responsable, courageux, et sans peurs. Les petites filles apprenaient à être soumises et passives. Elles devaient savoir lire, écrite, chanter, jouer d'un instrument pour le seul plaisir de leur chevalier. Pour le reste, elles devaient tout oublier.
La Belle au Bois Dormant, Charles Perrault
Voilà bien l'histoire de la Belle au Bois Dormant. Les fées lui octroyèrent beauté, grâce et volupté. Mais elles oublièrent de lui offrir un esprit. Le film de Disney illustra à merveille l'ingénuosité grotesque de la belle Rose. (Quand on pense que nous autres demoiselles avons grandi avec ces images dans la tête!!!) Dodo, dodo Rose, la vie passera son chemin sur toi. Un homme t'engrossera sans que tu aies pu choisir. Mais comme ils t'avaient appris à accepter, tu acceptas et dansa pour fêter ça.
Le petit poucet, Frère Grimm, illustration de Gustave Doré
Bien sûr Perrault ne fut pas le dernier conteur à avoir déposé son empreinte dans nos coeurs. Après le siècle des Lumières où les contes devinrent les otages des philosophes, les Frères Grimm comme Andersen reprirent le flambeau pour recolorer le monde merveilleux des contes. Beaucoup d'autres auteurs s'essayèrent à l'écriture du féerique. Ce fut dans la marmite des fées qu'ils cueillirent siècles après siècles des forêts de symboles pour notre plus grand plaisir. De tout temps, les contes de fées connurent le succès, car ils reflétèrent des vérités sur l'homme. Ils furent un art de l'imagination dont le secret demeura sa profonde résonance psychologique et trouva en nos jeunes et grands esprits un écho de nous-même.
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Fée Milady
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