samedi 28 février 2009

Silence... Action!

L'amour, ça se passe parfois comme au cinéma...

Acte I scène I: 10h37. A la machine à café. Le petit nouveau du 3ème arrive comme par enchantement. Vous, qui le reluquez depuis son arrivée il y a deux semaines, n'en pouvez déjà plus. Pensant avoir l'idée du siècle en l'abordant pour lui offrir un café, le retour de bâton n'était pas attendu: « non merci ». Simple et efficace.

Acte I scène 2: 12h13. Décidant de ne pas vous laisser aller à la fatalité, la cantine du boulot semble être votre salut. Téméraire, vous vous asseyez à côté de lui. Echange du pain et de la carafe d'eau, le glamour jusqu'au bout des ongles. Il vous décroche un sourire.

Acte I scène 3: 17h05. Pause café. Décidément la journée vous sourit. Il est là. Contre toute attente il vient vers vous. A croire que lui passer le sel a fait son effet! Sourire charmeur, confiant, il vous propose un dîner. Evidemment, en évitant tout gloussement intempestif, vous répondez oui.

Acte II scène 1: 20h28. Petit restaurant italien. Cliché mais ça marche. Vous n'en revenez pas que tout se soit passé ainsi. L'homme de vos fantasmes est en face de vous, en train de manger ses spaghettis bolognaises. Vous, belle et pimpante, le trouver parfait. Les quelques verres de vin vous permettent de faire la conversation.

Acte II scène 2: 23h 40. Légèrement éméchés, vous et l' « homme parfait » vous dirigez vers votre appartement. Les baisers fusent, les mains baladeuses se baladent dangereusement. Le reste est interdit aux moins de 18 ans.

Acte II scène 3: 01h32. A peine remise de vos émotions, l' « homme parfait » ne s'avère pas sans défauts. Il décide de partir. Un petit « c'était sympa, à demain au bureau » ne permet pas de vous réconforter. Ca se comprend. Contrairement à ce qu'à pu dire le beau Johnny, bébé a été laissé dans son coin (les amatrices reconnaitront!!).

Loin d'être une basse vengeance contre le gente masculine, il arrive que la vie se passe comme au cinéma. Le scénario est mauvais.

On ne chante pas toujours sous la pluie


Pour la semaine cinéma, j’ai puisé dans mes souvenirs de l’histoire du Septième Art… Récits plus ou moins transformés en mythes, légendes polies avec soin, mais aussi destins graves, voire cruels. C’est finalement le visage d’un acteur de l’âge d’or d’Hollywood qui s’imposa : un beau visage d’homme des années 20, un peu daté avec sa fine moustache au bord des lèvres, ses cheveux crantés et plaqués en arrière, sa mâchoire carrée et ses yeux de velours passés au fard. Mais derrière son sourire de séducteur viril, capable de toutes les cascades pour sauver une longue jeune fille aux boucles blondes, on devine (on pense deviner) la profonde amertume d’un homme dont le succès, sitôt arrivé à maturité, n’a cessé de décliner, et la blessure d’un amour déçu.

L’histoire de John Gilbert (1899 – 1936), qui sombra dans l’alcoolisme à l’arrivée du cinéma parlant avant de mourir lamentablement à 37 ans, fait partie de ces destins qui inspirèrent Chantons sous la pluie. Comme le personnage principal du film de Stanley Donen, John Gilbert avait les dents blanches et l’allure ravageuse. Comme l’autre personnage-clé, la dangereuse idiote Lina Lamont, John Gilbert avait… une voix de crécelle.

Ayant très tôt connu la faveur du public, « l’homme à la moustache » (né John Cecil Pringle) a pu même un temps concurrencer l’immense Rudolf Valentino. Il participa aux grands succès du muet, incarnant sans relâche le beau ténébreux, le mousquetaire ou le héros au sombre passé, et fut notamment un des visages du comte de Monte-Cristo. En 1926, il rencontre Greta Garbo, tout jeune actrice fraîchement arrivée de Suède, sur le tournage de La Chair et le Diable. C’est le coup de foudre… surtout pour Gilbert. Bien que déjà marié (et il le sera de nombreuses fois encore), il n’a de cesse de poursuivre Garbo de ses assiduités, et, quelques années plus tard, lorsque la Divine accepta enfin la demande en mariage de son admirateur, c'est pour l’abandonner devant l’autel le jour de la cérémonie. D’aucuns y voient le début de la déchéance de John Gilbert. D’autres l’imputent à sa voix de fausset qui, en 1929, lors de son premier film parlant, fit tressauter de rire toute la salle. Quelle blessure pour un homme accoutumé à être l’image de la séduction mâle ! D’échecs en échecs, abandonné par les studios et par le public qui, peu de temps auparavant, l’idolâtrait, John Gilbert s’enfonça dans le désespoir et l’alcool, avant de mourir dans l’indifférence d’Hollywood, tandis que Garbo, qui avait su adapter sa voix délicieusement rauque à son personnage de femme fatale, connaissait une gloire toujours plus grande.

Etoile Clio