dimanche 1 février 2009

"Moi Nojoud Ali, 10 ans, divorcée"

« Je m’appelle Nojoud, et je suis une villageoise yéménite. J’ai dix ans, enfin je crois. Dans mon pays les enfants des campagnes n’ont pas de papiers et ne sont pas enregistrés à leur naissance. Mariée de force par mes parents à un homme trois fois plus âgés que moi, j’ai été abusée sexuellement et battue. Un matin, en partant acheter du pain, j’ai pris un bus et je me suis réfugiée au tribunal jusqu’à ce qu’un juge veuille m’écouter… »


Ce juge, c’est Abdo, complètement décontenancé par le récit de la jeune Najoud, résignée à divorcer. Il est conscient qu’elle n’est pas la seule à avoir subi un mariage forcé avant l’âge légal de quinze ans. Difficile d’ignorer cet amendement à la loi sur le mariage, entré en vigueur en 1999, qui « autorise les parents à marier leurs filles avant l’âge de quinze ans, à condition que le mari promette de ne pas toucher son épouse tant qu’elle n’est pas pubère ». Qui pourrait croire en de telles promesses. Si Abdo est lucide sur ce qui se passe au Yémen, il se trouve dorénavant en face de la réalité cinglante. Nojoud est la première à oser parler, réclamer son droit au divorce. La machine juridique est lancée. Le juge Abdel Wahed la comble d’espoir quand il lui annonce : « C’est ton droit de demander le divorce ». Pendant que le procès est instruit, elle va vivre dans la famille du juge où elle trouve un refuge calme et serein. L’avocate Chadha Nasser accepte de plaider bénévolement en faveur de la plus jeune fille qui divorce dans le monde. Entre les deux femmes se noue une relation tendre et respectueuse où chacune éprouve envers l’autre la plus profonde admiration.



Dans son livre Moi, Nojoud, 10 ans divorcée, elle témoigne, à l’aide de la journaliste Delphine Minoui, de son drame. C’est parce que sa famille était pauvre que son père a consenti à ce mariage contre nature entre un homme de trente ans l’aîné de sa fiancée. Le mariage précoce relève de la coutume et demeure répandu au Yémen. Nojoud commence à vivre dès lors un cauchemar éveillé. D’abord l’abandon résigné de ses parents, désespérés par leur pauvreté. Puis son mari, ce monstre comme elle l’appelle, ne tarde pas à lui infliger au quotidien des sévices tant physiques que moraux : Nojoud raconte : «Il a voulu qu'on dorme dans le même lit. J'ai refusé et il s'est mis à me courir après. Il a fini par m'attraper et par me faire des choses sales et désagréables". Chaque soir, à la nuit tombée, le même scénario se reproduit : «Dès qu'il rentrait du travail, ça recommençait. Je pleurais en le suppliant de me laisser seule. Il me tapait avec un bâton. J'avais beau crier, personne ne pouvait m'entendre.» Ou ne voulait pas l’entendre.


Nojoud a dix ans et souffre seule. Bientôt, guidée par son instinct de survie, elle s’enfuit. Ce jour-là, alors qu’elle revient de ses courses, Nojoud décide de ne pas rentrer dans la maison de son monstre de mari. Elle monte dans un autobus qui l’a ramène dans sa capitale Sanaa. Elle se réfugie au tribunal. Elle n’en sortira pas tant qu’un juge ne l’aura pas aidée. Le procès se couronne d’un succès total pour la jeune Nojoud.



Médiatisée, elle est soudain propulsée sur les feux de la rampe. Elle reçoit le 10 novembre 2008 à New York, le prix de la Femme de l’année remis par le magazine américain Glamour. L’actrice Nicole Kidman, l’ancienne secrétaire d’État aux Affaires Étrangères, Condoleeza Rice et l’ancienne sénatrice devenue la nouvelle secrétaire d’État aux Affaires Étrangères Hillary Clinton, apparaissent à ses côtés en signe de soutien. La semaine dernière encore, Nojoud était reçue par les autorités politiques françaises. Elle vit dorénavant chez ses parents entourée de ses sœurs et frères. Elle a repris le chemin de l’école. Depuis son proçès, Arwa, neuf ans, et Rym, douze ans ont entrepris des démarches juridiques pour se battre contre leurs noces barbares. C’est bien le signe que Nojoud Ali a brisé un tabou. La journaliste Delphine Minoui révèle que cette pratique traditionnelle existe aussi en Afghanistan, en Egypte, en Inde, en Iran, au Mali, au Pakistan…et ailleurs encore. L’association Oxfam se bat déjà pour faire interdire les mariages précoces avant l’âge légal de quinze ans.



De ce drame est né chez Nojoud la volonté de devenir avocate. Les droits d’auteur de son livre lui seront reversés pour l’aider à financer ses études de droit.

Nojoud sait que le vrai combat de la femme se joue sur les bancs de l’école. Seule l’instruction lui permettra d’agir comme son modèle féminin Chadha Nasser : « Quand je serai grande, je veux défendre les gens opprimés. Comme Chadha ! »


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Fée Milady

2 commentaires:

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