"Il est une liqueur, au poëte plus chère, Qui manquait à Virgile, et qu'adorait Voltaire ;
C'est toi, divin café, dont l'aimable liqueur
Sans altérer la tête épanouit le coeur. (…)
Ma coupe, ton nectar, le miel américain,
Que du suc des roseaux exprima l'Africain,
Tout est prêt : du Japon l'émail reçoit tes ondes,
Et seul tu réunis les tributs des deux mondes.
Viens donc, divin nectar, viens donc, inspire-moi.
Je ne veux qu'un désert, mon Antigone et toi.
A peine j'ai senti ta vapeur odorante,
Soudain de ton climat la chaleur pénétrante
Réveille tous mes sens ; sans trouble, sans chaos,
Mes pensers plus nombreux accourent à grands flots.
Mon idée était triste, aride, dépouillée ;
Elle rit, elle sort richement habillée,
Et je crois, du génie éprouvant le réveil,
Boire dans chaque goutte un rayon du soleil."
Etoile Clio
samedi 7 février 2009
Douceur de vivre au XVIIIe siècle
Pour célébrer cette semaine en douceur, un tableau et un poème. Mon propos sera court – un samedi après-midi, il est bon de laisser le corps et l’esprit s’apaiser en regardant de belles choses et en lisant des vers plus amusants que la prose de votre humble servante. Ces deux œuvres ont le mérite d’illustrer ensemble la douceur de vivre au XVIIIe, lorsque le culte du foyer bourgeois, de l’intimité, du laisser-aller élégant, étaient les prémisses de ce qu’on appelle, maintenant, le « bien-être ». C’est aussi le moment où les douceurs faisaient la vie douce, où les galants portaient sur eux une bonbonnière qu’ils présentaient à tout-va, où l’engouement pour le chocolat et le café gagnait jusqu’à la reine Marie-Antoinette, qui avait son chocolatier personnel, où la vie de famille, la vie de cour, la vie de nos philosophes des Lumières, étaient rythmées par le « déjeuner de chocolat », dont voici la peinture par Boucher. Notez la ravissante chocolatière en argent, la chinoiserie sur l’étagère, et enfin le naturel de cette famille modèle.
Le poème est un extrait d’une ode au café, par l’oublié Jacques Delille (1738-1813), poète fort réputé de son temps, auteur notamment d’une épouvantable traduction de l’Énéide, et qui pourtant a fait date.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire