Nous le savons, grosso modo le street art, comme mouvement artistique, est né avec l’apparition du graffiti hip-hop aux Etats-Unis dans les années 1970.
Je n’apprendrai rien en disant que les manifestations artistiques – par "artistique", je veux dire avec une volonté d’interpeller, d’amuser, de choquer le passant – existent depuis qu’il y a des rues.
Dans l’Antiquité, les murs étaient un moyen d’expression populaire qui, à la manière d’un graffiti d’aujourd’hui, se moquait ouvertement des pouvoirs en place, des habitants d’un quartier, colportait un ragot, carillonnait une bonne fortune, bref, proclamait la liberté d’expression par le geste même d’écrire. Pensons à l’excellent générique de la série américaine Rome (HBO), où la ville devient vivante sous nos yeux par les inscriptions qui désacralisent les monuments que nous visitons maintenant avec déférence.
Les murs de Pompéi sont un exemple extraordinaire. Les latinistes apprécieront ces vers inscrits sur une paroi déjà bien barbouillée :
Admiror o paries te non cecidisse ruinis
qui tot scriptorum taedia sustineas
« Je m’étonne, ô mur, que tu ne te sois pas effondré,
toi qui es chargé autant d’infâmes inscriptions. »
On peut y voir des esclaves dénoncer les travers de leurs maîtres, des amoureux noter la date de leur rendez-vous, des prostituées vanter leurs mérites, …et même des poètes en herbe offrir au public la primeur de leur talent.
Comme l’a dit Étoile Maï, l’art de la rue n’est pas uniquement graphique. Les petites troupes qui montaient les pièces de Molière sous un dais branlant au XVIIe (j’avoue, je pense surtout aux scènes du Capitaine Fracasse, le roman de Gautier) ; les libellistes qui distribuaient leurs tracts satiriques contre Mazarin ; les saltimbanques et petits chanteurs qui se donnaient en spectacle dans un coin, au XIXe … Le street art n’était-il pas plus vivant, plus fécond, plus libre ?
Etoile Clio
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