mercredi 10 septembre 2008

Victor Hugo et Napoléon III

Les Châtiments

Napoléon III

Donc c’est fait. Dût rugir de honte le canon,

Te voilà, nain immonde, accroupi sur ce nom !

Cette gloire est ton trou, ta bauge, ta demeure !

Toi qui n’a jamais pris la fortune qu’à l’heure,

Te voilà presque assis sur ce hautain sommet !

Sur le chapeau d’Essling tu plantes ton plumet ;

Tu mets, petit Poucet, ces bottes de sept lieues ;

Tu prends Napoléon dans les régions bleues ;

Tu fais réveiller l’oncle, et, perroquet ravi,

Grimper à ton perchoir l’aigle de Mondovi !

Thersite est le neveu d’Achille Péliade !

C’est pour toi qu’on a fait toute cette Illiade !

C’est pour toi qu’on livra ces combats inouïs !

C’est pour toi que Murat, aux russes éblouis,

Terrible, apparaissait, cravachant leur armée !

...

Victor Hugo publie en France Les Châtiments en 1870, après la défaite des troupes françaises à Sedan contre les Prussiens. Le second Empire s’écroule et avec lui l’ennemi de longue date de l’écrivain ; Napoléon III. « Le petit Napoléon » est au pouvoir depuis vingt-deux ans, légitimement élu d’abord, autoproclamé avec son fameux coup d’état après. Le pays est mis à sac.

Le 4 septembre 1870 la République est proclamée, Victor Hugo, après dix-huit ans d’exil rentre enfin. Les Châtiments est le témoignage d’une résistance acharnée, d’une révolte et d’une époque, une poésie profondément ancrée dans un contexte historique. Tout au long de l’ouvrage, le neveu est présenté comme une pâle copie, un singe de l’oncle, un vulgaire perroquet. Mais Napoléon III n’est jamais nommé et le texte d’Hugo reste ainsi atemporel.

Les Châtiments de Victor Hugo. Poésie/Gallimard, 6 euros.

Fée Carabine.

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