lundi 9 juin 2008

Blanc & symbloles

Le blanc s’absente…

Notre vocabulaire s’est accaparé du blanc pour exprimer le manque :

Une page blanche (sans texte) Une voix blanche (sans timbre) Une nuit blanche (sans sommeil) Une balle à blanc (sans poudre) Un chèque en blanc (sans montant) J’ai un blanc …

Il est temps de combler cette vacuité blanche par ses riches et universelles symboliques.

Blancs de nos pairs

Pluriel est le blanc. Mat se disait albus en latin. Il donna naissance à l’« albâtre » ou encore l’« albunime » en français. Brillant, candidus de son origine latine, est le « candidat » qui porte une robe blanche pour se présenter au suffrage des élections. Par extension, le blanc est devenu la couleur symbolique du candidat qui change de condition. Le blanc est aussi célèbre pour être la synthèse de toutes les couleurs.

Blanc virginal ?

Voilà un code plus récent qu’il n’y paraît. La femme affiche sa véritable ou prétendue virginité en blanc depuis le XVIIIe siècle. Valeur bourgeoise occidentale qui apparaît aujourd’hui comme une ancienne tradition que l’on perdure à solenniser. Blanc sensuel des dentelles qui éveillent le désir de l’homme. Qui a dit que les vierges n’étaient pas farouches ?

Jadis, le blanc et le mariage ne faisaient pas encore bon ménage. Le rouge représentait la couleur des mariées sous la Rome Antique. Et cette tradition se perpétue en Chine et ailleurs. Le blanc symbole de l’innocente jeunesse, présente ou perdue, constitue aussi la marque physique de la vieillesse avec les cheveux qui blanchissent. En Asie et certains pays de l’Afrique, le deuil se porte en blanc.

Naissance, mariage, mort, cercle de vie couronné de blanc. Spiritualité.

Blanc de la propreté immaculée !

Depuis le Moyen Âge jusqu’à quelques décennies seulement, il était inconvenant, voire indécent, de porter des sous-vêtements colorés et de posséder du linge de maison autre que blanc. La raison ? Il semblerait simplement que le blanc soit le seul à être suffisamment solide et stable pour résister aux lavages bouillants pratiqués alors. Le blanc est devenu ainsi symbole d’hygiène, et bien que notre société moderne ait démocratisé l’usage de la couleur, le blanc demeure et demeura dans nos esprits la marque de la propreté immaculée. La preuve en est avec l’un des plus célèbres slogans publicitaires pour le linge : « Plus blanc que blanc »…

Divinité blanche

Le dogme de l’immaculé conception date, rappelons-le tout de même, de 1854. Avant, la Vierge était représentée en bleu, couleur star du Moyen Âge.

Blanc divin de la lumière divine et des anges. Du coup, les rois, incarnations physiques de Dieu, se sont appropriés le blanc comme l’émanation de leurs autorités royales.

Blanc aristocratique

Aux XVII et XVIIIe siècles régnait le dictat de la blancheur, de peau. Signe de beauté pure, l’aristocratie se distinguait naturellement des paysans dont la peau se tannait sous le soleil de leur labeur. Plus qu’une mode, le blanc devint un enjeu social. Des crèmes et poudres blanchissaient exagérément la peau. Cette mode est belle et bien révolue. Bien que nous ayons du mal à prendre au sérieux les menaces des effets du soleil, il n’est pas exclu qu’on revienne un jour vers ce teint clair. La mode asiatique est déjà lancée avec les si jolies ombrelles à froufrous…

Masque blanc

Notre imaginaire associe le blanc à l’innocence. N’ayons pas pour autant une foi aveugle en la pureté du blanc : certaines sectes se sont servies de la symbolique de la couleur blanche pour légitimer leurs actions.

Milady

Michel Pastoureau, Le petit livre des couleurs, Points Histoire, 5 euros.

1 commentaire:

Unknown a dit…

Hyper interessant!
Et j'adore que vous mettiez vos references à chaque fois :-)