mardi 3 juin 2008

Marie-Antoinette, une exposition en grande pompe

Promenons-nous dans le Grand Palais, si la Révolution y était, elle nous mangerait, mais comme elle n’y est pas, elle nous mangera pas. Révolution où es-tu ? Que fais-tu ? M’entends-tu ? … La Révolution : «Je gronde»

Une magnifique exposition est consacrée à Marie-Antoinette au Grand Palais qui, pour l’occasion, s’est transformé en un écrin du joyau qu’il renferme : des œuvres inédites qui retracent l’enfance et la vie de la dauphine puis reine de France, des meubles et bijoux d’une facture rare, la reconstitution de son univers au Trianon sont autant de détails raffinés qui éblouissent le visiteur. Les curiosités sont multiples. Parmi elles, « l’Acte de mariage authentique du dauphin Louis et de l’archiduchesse Marie-Antoinette », daté du 16 mai 1770, inscrit sur les registres paroissiaux de l’église Notre-Dame de Versailles. Sous la signature de Louis Auguste, on lit celle de Marie-Antoinette Josephe-Jeanne. Sur l’empattement du J de Josephe, la fameuse tache d’encre.

Continuons avec le plan de table des noces du couple. Le Roy Louis XV préside une tablée des membres de la famille royale : à sa droite, M. Le dauphin en face de Mme La Dauphine, laquelle est à la gauche de M. Le Comte d’Artois, placé en face de M. Le Comte de Provence… (bon j’arrête là, si ça vous intéresse, vous savez où le trouver). Excitant à voir. C’est authentique !

J’ai été subjugué par la beauté et l’éclat du secrétaire à cylindre en nacre du boudoir de Marie-Antoinette à Fontainebleau : tout simplement sublime. Un bijou sur quatre pieds. Son goût prononcé pour les arts décoratifs et les idées nouvelles la conduisent au mécénat. Et cette exposition est en bien le témoignage vivant : en peinture (Vigée le Brun), en sculpture (Lemoyne, Boizot et Lecomte) et en objets d’art (Carlin, Riesener, Weisweiler).

Sa harpe. Objet pittoresque qui rivalise de poésie avec le reste de son mobilier.

Un tableau animé qui surprend par son ingéniosité. Des personnages montent un escalier d’une villa située dans un jardin romantique, du grand opéra pictural.

On découvre aussi, grâce aux nombreux portraits, que Louis XVI n’est pas aussi laid que l’on croit. Il n’a rien à envier à ses frères, les Comtes de Provence et d’Artois.

Quant à Marie-Antoinette, on apprend qu’elle n’est pas satisfaite de ses portraitistes et pour cause. Ces derniers ne cherchent pas à l’embellir : ils rendent visible ses yeux exophtalmiques, son nez aquilin, et ses rondeurs. À ce sujet, elle confie à sa mère : « Les peintres me tuent et me désespèrent ». Heureusement, en 1779, Elisabeth Vigée Le Brun devient au grand bonheur de Marie-Antoinette sa portraitiste officielle. Elle respecte toutes les conventions du portrait de cour et ce, en adoucissant ses traits sans perdre la ressemblance. On est donc surpris de découvrir différents visages de la reine. Seul le teint de lys et de rose est représenté sur chacune des toiles peintes à son effigie. Marie-Antoinette cherche déjà à contrôler son image ; laquelle lui échappe plus tard certainement par manque de discernement politique.

Dans la dernière salle de l’exposition, les années sombres sont matérialisées par une lumière tamisée. Des brides de citations sont éclairées sur le mur noir. La maquette du Temple est accolée à une vitrine où est étendue une chemise blanche qu’elle aurait portée pendant sa captivité. Frisson dans le dos assuré. Et enfin, une sourde émotion vous envahit devant la dernière lettre écrite le 16 octobre 1793 à 4 h ½ du matin à Madame Élisabeth, sœur de Louis XVI, avant de partir vers sa tragique destinée.

À la sortie de l’expo, un stand Ladurée nous attend. Je défie quiconque de résister aux savoureux macarons ! Pour ma part, après deux heures passées en compagnie de Marie-Antoinette, j’ai eu une sérieuse fringale. J’en ai acheté dix pour moi toute seule : deux à la framboise, deux chocolat, deux vanille, deux pistache et deux caramel. Aucune culpabilité. À chaque bouchée, c’est un délice, un poème. Marie-Antoinette en dégustait tout le temps. Il paraît que le macaron était son pêché mignon. Alors, gourmande pour gourmande, je me délecte de ces petits plaisirs en m’achetant dans la librairie, le superbe catalogue de l’expo au prix exorbitant de 49 euros, et plein de bêtises façon « Eurodisney » : un crayon, un cahier, un coussin à l’effigie de Marie-Antoinette, histoire de garder un souvenir kitch et palpable de ce moment agréable passé ici en compagnie de la dernière reine de France.

Que retient-on de Marie-Antoinette, appelée dans son enfance Antonia et Toinette ?

Une femme exquise, une mère aimante, pleine de grâces et d’esprit qui apparaît aujourd’hui comme un modèle féminin auquel on rêverait bien de ressembler un soir.

Milady

A découvrir jusqu'au 30 juin 2008, vite, vite ! 10 euros l'entrée

Ebauche bibliographique :

Evelyne Lever, Marie-Antoinette, Un destin brisé, rmn. Evelyne Lever, Marie-Antoinette, Correspondance 1770-1793, Tallandier. Catherine de Duve et Thierry Bosquet, Marie-Antoinette, rmn. Marie Sellier, Mon Petit Versailles, rmn. (pour les enfants de 6 à 8 ans). Collectif, La gazette des atours de Marie-Antoinette, rmn. Collectif, Louis XVI et Marie-Antoinette à Compiègne, rmn. Antonia Fraser, Marie-Antoinette, Flammarion, « J’ai lu ». Stefan Zweig, Marie-Antoinette, « Livre de Poche ». Madame Campan, Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, Gallimard, « Folio ».

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