Mais qu’est-ce qu’un roman champêtre ? Pourquoi George Sand s'est-elle adonnée à ce genre? On regroupe sous ce nom trois romans courts, de ton familier, qui racontent la vie des paysans et des gens simples. Sand résumait ainsi sa pensée : « L’art n’est pas une étude de la réalité positive, c’est une recherche de la vérité idéale […] Un jour viendra où le laboureur pourra aussi être un artiste, sinon pour exprimer […], du moins pour sentir le beau. » François le Champi, La Mare au diable et La Petite Fadette évoquent donc la vie fleurie mais souvent rude des habitants des campagnes. Ces romans pourraient s'apparenter au conte, ils contiennent peu d'évènements et le dénouement se double toujours d'une morale, moins convenue pourtant que certains pourraient l'imaginer. Les trois récits racontent des histoires d'amour contrariées par des raisons évidentes de différences d'âge ou de condition, mais où l'amour et la bonté triomphent sur la bêtise et les préjugés.
L'intérêt de ces romans réside aussi dans la langue «fleurie» que restitue l'auteur. Elle décrit, sans condescendance, un monde où la langue devient poésie, où le patois n'est plus l'apanage des rustres et des bourrus mais celui des personnes délicates et sensibles. Plus séduisant encore, George Sand n'invente pas, elle romance tout au plus. Sa maison de Nohant (dans le Berry) montre non seulement son amour pour la nature mais aussi sa proximité avec le folklore berrichon et les paysans. Ainsi, le guide de la propriété vous indiquera l'endroit où elle apprenait à lire à ses serviteurs, les chemins autour de la maison qui lui ont inspirés ses romans…
George Sand collecte les chansons champêtres, les expressions en patois, les croyances berrichonnes, s'intéresse aux outils et vêtements des paysans, à leurs instruments de musique et participe ainsi, comme on l'admet pour Zola et le milieu de la mine, à l'émancipation des hommes des champs. Elle se bat, grâce à des romans que l'on qualifie souvent de niais ou de faciles, pour l'égalité sociale et de la justice et étonne par l’actualité de son propos. L'écrivain qui voyait en l'éducation le levier le plus efficace contre la sottise n'a-t-elle d'ailleurs pas écrit des histoires simples pour mieux se faire comprendre d'un public souvent borné et sectaire ? Le serions-nous encore lorsque nous dévalorisons constamment son œuvre et passons à côté de ses idées sous des prétextes de naïveté de style ?
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